La circulation sur les
chemins : ce que dit la loi...
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La circulation des véhicules terrestres
a été encadrée par la loi du 3 janvier 1991, codifiée au code
de l'environnement à ses articles L. 362-1 à L. 362-8.
Le principe codifié au L. 362-1 du code de l'environnement dispose
que la circulation des véhicules à moteur est interdite en dehors
des voies classées dans le domaine public routier de l'Etat, des
départements et des communes, des chemins ruraux et des voies
privées ouvertes à la circulation publique des véhicules à moteur.
Il y a donc un principe d'interdiction dans les espaces naturels
et ruraux, assorti de dérogations, et, a contrario, une ouverture
à la circulation des véhicules à moteur sur la voirie qui n'est
pas fermée de façon explicite à la circulation publique des véhicules
à moteur.
Une première disposition de restriction de la circulation concerne
les parcs naturels régionaux, territoires ruraux par excellence.
Le deuxième alinéa de ce même article L. 362-1 donne en effet
obligation à chaque parc naturel régional d'inclure dans sa charte
un article réglementant la circulation des véhicules à moteur
sur son territoire. L'article 5 de la loi précitée, codifié au
L. 2213-4 du code général des collectivités territoriales, complète
ce dispositif en donnant la possibilité à tout maire de réglementer
sur sa commune la circulation de ces véhicules.
Le maire peut, en effet, prendre un arrêté motivé pour interdire
l'accès de véhicules à moteur, ou tout autre véhicule, à certaines
voies ou certains secteurs de la commune, soit pour des motifs
de protection des espaces naturels, soit pour atteinte à la tranquillité
publique. Il peut également soumettre à des prescriptions particulières
(horaires, conditions d'accès, niveaux sonores) certaines activités
s'exerçant sur la voie publique. Enfin, chaque maire peut, au
titre de sa compétence générale, limiter la vitesse de la circulation
sur les chemins ruraux de sa commune. Cet arrêté
doit être validé en préfecture sans quoi celui-ci
devient nul.
Pour répondre à la demande de randonnée motorisée, la loi a prévu
dans son article 7, codifié au L. 362-2 du code de l'environnement,
de confier au département l'établissement d'un plan départemental
des itinéraires de randonnée motorisée, dont l'entretien sera
à la charge du département. Cette compétence obligatoire du département
répond à un double objectif : élargir l'offre de randonnée au
département, au lieu de le cantonner à une ou quelques communes,
et prendre en charge l'entretien des chemins inscrits dans ce
plan. Le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement
a édité une plaquette d'information sur ce sujet, spécifiquement
à destination des maires.
Qu’est-ce qu’un panneau règlementaire?
Car la question reste d’importance dans la mesure où
vous n’êtes tenu de respecter que les interdits matérialisés
de façon rè-gle-men-tai-re. En la matière
donc, un panneau est composé de trois parties distinctes:
- La première est constituée par le fameux "rond
" blanc cerclé de rouge. Si rien n’est mentionné
à l’intérieur, cela signifie que l’interdiction
tous les véhicules, motorisés ou non. d'où
son nom de B0 ou Bzéro. Dans ce cas, VTTistes et cavaliers
ne semblent pas souvent se rendre compte qu’ils sont également
concernés... Sinon, doit être précisée
la catégorie visée par la limitation : "tout
véhicule à moteurs", "motocycles",
"autos", "chevaux". En revanche, on notera
que les mentions "interdit aux motos vertes", "aux
véhicules tout-terrain", "aux motos vertes",
"aux VTT" ne sont pas acceptables, simplement parce
que ces expressions ne correspondent pas à des définitions
juridiques de véhicules. Le Code de la Route ne fait aucune
différence entre une moto de route et une d’enduro,
entre une berline et un 4X4. En prime, pour ceux qui le peuvent,
rien ne vous empêche de rouler en deux roues motrices...
- La seconde partie est matérialisée par un rectangle
blanc allongé, dit panonceau, qui vient se placer sous
le rond blanc cerclé rouge. Il doit mentionner le numéro
et la date de l’arrêté, ainsi que le nom de
la commune (ou préfecture) qui a pris la mesure.
- La troisième partie est composée d’un second
panonceau de même format que le précédent
et installé sous celui-ci. A noter qu’il peut y en
avoir qu’un seul, mais de plus grande dimension... Quoi
qu’il soit, doivent être précisées les
limitations dans l’espace et surtout le TEMPS, de la décision
répressive. Il s’agit là de l’un des
principes fondamentaux du Droit français, selon lequel
toute interdiction de circuler ne peut se montrer, ni générale,
ni absolue. Un maire, notamment, ne peut donc ni interdire tout
le territoire de sa commune, ni fermer des chemins publics en
permanence, qu’ils soient communaux ou ruraux. Quelques
exemples pour plus de clarté: "du 15 juin au 15 septembre
pour risques d’incendie", "du 10 février
au 1er mars, barrière de dégel"
, etc.
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Pour
ne pas tomber dans le panneau
Attention toutefois
à deux domaines particuliers : les réserves naturelles
et les parcs nationaux (pas les régionaux !). La plupart des
voies non revêtues qui les traversent restent pour la plupart
rigoureusement interdites à la circulation motorisée.
D’ailleurs, les signalisations adéquates, omniprésentes,
ne laissent aucun doute à ce sujet ...
En forêt, deux cas de figure peuvent se présenter. Dans
les forêts domaniales, du domaine privé de l’Etat,
gérées directement par l’Office National des Forêts
(ONF), toutes les pistes forestières ne sont pas prohibées,
loin de là. Ici comme ailleurs, les interdictions doivent être
matérialisées par des barrières ET des panneaux
exhibant l’emblème de l’Office : elles peuvent
en revanche se passer légalement de limitation dans le temps.
Dans les forêts communales ou départementales, il est
possible de circuler librement sur tous les axes cadastrés
: toutes les pistes sont donc à vous, à l’exception
des chemins évidents d’exploitations agricoles ou forestières
qui se terminent la plupart du temps en cul-de-sac.
Même si ces forêts sont parfois "soumises" au
Code Forestier (donc à l’ONF), l’ingérence
de l'ONF ne change en rien le statut des chemins et c’est logique
: vous gardez intact le droit de rouler sur les voies ouvertes à
la circulation.
Comme vous avez pu le constater par vous-mêmes, les signalisations
règlementaires et légales sont plutôt rares, sauf
dans les parcs nationaux et les forêts domaniales. Ailleurs,
on récolte les fruits d’une république bananière
: les excès engendrent les excès. Dans certaines régions
de France, barrières, chaînes et signalisations abusives
commencent à être mises à mal, parfois détruites
systématiquement, souvent d’ailleurs par les chasseurs.
A qui la faute ?
Soyez discret
Je ne fais pas spécialement allusion à votre apparence.
Quoique... Si le 4X4 passe plus mal que la moto auprès des
paysans et des montagnards, c’est simplement qu’il est
dans les esprits synonyme de bourgeoisie nantie. A tort ou à
raison. Il faut en tenir compte. Evitez les tenues BCBG (totalement
déplacées d’ailleurs...) ou les "déguisements"
grotesques. On en voit trop souvent en "costum" d’aventurier
africain, en treillis militaire ou en combinaison de compétition.
Ca fait ringard et gros beauf, notamment quand le talent du pilote
n’est pas directement proportionnel à ce look ... quoi
de plus fâcheux. Choisissez votre style et habillez-vous simplement.
Dans le même ordre d’idée, et surtout en randonnée
individuelle, arrangez-vous pour que la voiture ne ressemble pas à
un bolide échappé du Paris-Dakar. Virez les autocollants,
voire les numéros apposés sur les portières.
Ca ne fait pas sérieux, il faut arrêter de se la jouer
comme des complexés, des frustrés fantasmant sur leurs
carrières ratées de pilotes de course !
Bien entendu, il y a autrement plus important. Il convient surtout
de soigner les comportements dont certains peuvent être interprétés
comme des actes irresponsables par d’autres usagers des chemins,
souvent néophytes.
Pour commencer, il faut rouler silencieux. Même si ce fléau
concerne essentiellement la moto et le quad, il est clair que le ronronnement
excessif de certains échappements ne contribue pas à
redorer notre blason, en particulier auprès des marcheurs et
des cavaliers.
Ensuite, roulez à une allure adaptée. On peut se faire
plaisir, mais en roulant "intelligent". On peut se tirer
la bourre de temps en temps, mais pas n’importe où ni
n’importe comment. Imaginez un seul instant la bobine du pédestre
ou du cultivateur voyant débouler dans un nuage de poussière
une voiture à plus de 100 km/h... Or, celui qui a (ou eu) peur,
ne pardonne jamais. Ne fabriquez pas, même involontairement,
des intégristes anti-auto-moto verte. Vous n’êtes
pas seuls sur les chemins : ralentissez ou arrêtez-vous en croisant
randonneurs, paysans et forestiers. Saluez-les. Coupez carrément
votre moteur à la rencontre d’un cavalier.
Si un râleur se manifeste, perdez dix minutes pour discuter
le coup, quitte à lui mettre calmement le nez dans son caca
: les chemins sont à tout le monde.
Parallèlement, même en comité restreint, entre
amis, envisagez vos destinations aux périodes appropriées.
A proximité des grandes agglomérations, ne sortez pas
le dimanche, jour sacré du piéton. Evitez le sud-ouest
pendant la chasse à la palombe et l’Alsace durant la
chasse au gros, ou bien encore les "pots de miel" à
pédestres, tel que le massif du Mont-Blanc, embouteillé
par les "gros-mollets/gros-sacs" en plein mois d’août.
Interdisez vous le pourtour méditerranéen (déjà
envahi par les estivants) pendant l’été où
les risques d’incendie sont certains.
Sur le terrain, il suffit par ailleurs d’appliquer de simples
règles de bon sens. Modérez ostensiblement votre allure
à l’approche des habitations, passez au ralenti devant
les cours de fermes, ne foulez pas les chemins d’exploitation
des vignobles et des cultures, ne jouez pas dans le lit des rivières
dans leur longueur, n’effectuez pas vos demi-tours dans les
champs ensemencés, etc. Ce sont quelques évidences qu’il
est toujours bon de rappeler.
Et surtout, ne quittez jamais les chemins. Vous ne pourrez jamais
être accusés de détériorer une flore, inexistante
par définition sur une voie de communication, ou de déranger
une faune, déjà habituée à voir régulièrement
déambuler engins agricoles et forestiers à longueur
d’année.
Enfin, voyagez systématiquement à deux véhicules
minimum, pour l’agrément d’abord, mais aussi pour
votre propre sécurité. Bien sûr, trop de facettes
de cet exposé ressemblent à de solides leçons
de morale. Mais elles constituent, au-delà du respect des autres
et du souci de vivre en bonne entente, le faible prix à payer
pour banaliser l’image d’un moto verte sur les chemins,
donc pour le faire définitivement accepter par le milieu rural
comme par les autres disciplines de loisir vert.
La France est à vous. Vous pouvez préparer votre barda
et partir le coeur léger et serein. Je vous souhaite de passionnantes
virées, surtout à vous les individuels. Parce que vous
êtes obligatoirement des navigateurs, de vrais voyageurs, des
gens forcément posés. Parce que c’est vous qui
faites le marché.
Bons chemins ! |
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